S’accrocher à l’espoir : la jeunesse soudanaise résiste encore

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Before war broke out, young activists often gathered at SWRC’s facility to learn together, as pictured here. After the war began, the offices were bombed. Credit: SWRC

Lorsqu'ils ont commencé à tirer à Khartoum, Ghadir n’avait qu’une seule idée en tête : se mettre en sécurité avec les autres. Abandonnant tout derrière, elle a réussi à gagner l’Égypte. 

« Au début, nous n’avions même pas le temps de penser à la suite des choses », explique-t-elle. Il fallait seulement survivre.
Le travail de Ghadir, c’est en quelque sorte de penser à la suite des choses – elle aide à cultiver la prochaine génération de militant-e-s du Soudan, surtout les jeunes femmes et les filles. En tant que coordonnatrice de SWRC (se prononce source), une organisation homologue d’Inter Pares, elle travaille avec des réseaux de jeunes pour promouvoir le développement des compétences, des connaissances et de l'assurance nécessaires pour participer aux mouvements en faveur de la justice sociale. Avec l’appui de SWRC, ces militant-e-s luttent pour les droits des femmes et la justice de genre, la paix et la démocratie. 

Lorsque la guerre a éclaté et qu'elle et ses collègues ont été contraint-e-s de quitter Khartoum, l’organisation a perdu le contact avec son réseau de jeunes militant-e-s. 

« Le plus dur, c’est de tout perdre et devoir recommencer à zéro », nous dit Ghadir depuis Le Caire. Avec la guerre, SWRC n’a plus accès au soutien de ses bailleurs de fonds. « Même si nous avons l’habitude de nous débrouiller avec peu, c’est pire que jamais », ajoute-t-elle.

« Mais j’ai plus de chance que bien d’autres femmes prises au Soudan. Au moins, je suis en sécurité », dit Ghadir. « Je ressens le devoir de travailler pour elles tant que je le peux. »
Et c’est ce qu’elle fait. Alors que la violence sévit toujours au Soudan, Ghadir est déjà en train d’organiser les prochaines étapes de SWRC. 

Un gros obstacle à surmonter : la communication. Le réseau de SWRC est maintenant dispersé dans tout le Soudan, en Afrique de l’Est et ailleurs. Pour faciliter la communication et rétablir les liens entre   les activistes, Ghadir met sur pied un centre de communication virtuel – un espace de travail sans frontières géographiques.  Cette plateforme permettra aux activistes dispersé-e-s de partager des idées et de l'information de manière sécurisée.  Cela permettra aussi de continuer le travail interrompu par la guerre : offrir de la formation aux jeunes femmes, plaider pour les droits des femmes et soutenir les femmes ayant un handicap, les personnes LGBTQI+ et les travailleur-euse-s du sexe.

Ghadir affirme que les jeunes du Soudan gardent espoir en l’avenir.  

« Ces jeunes ne veulent pas perdre ce qu’ils et elles avaient avant la guerre et ce qui a été acquis pendant la révolution. Pas question de renoncer à tout ça », dit-elle. « Pour ma part, je crois encore qu’il faut résister coûte que coûte, aussi longtemps que nous vivrons. »

 Le plus dur, c’est de tout perdre et devoir recommencer à zéro.

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