Quand l’alimentation devient une arme de guerre: résistance alimentaire locale et entraide

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Dans l’État Karen en Birmanie, le Département de l’agriculture karen soutient l’agriculture biologique afin de renforcer les systèmes alimentaires locaux. Crédit: KAD

« C’est un moyen délibéré d’abattre notre peuple, en l’affamant pour qu’il cède », explique Ghadeer, de SWRC, notre homologue au Soudan.

En zone de guerre, la nourriture est une autre arme des puissants. À Gaza, au Soudan et en Birmanie, des acteurs armés utilisent la nourriture pour contrôler des populations, les punir ou les déplacer. Les parties au conflit bloquent l’aide alimentaire, détruisent les fermes et perturbent les systèmes alimentaires locaux. Ces stratégies délibérées aggravent les souffrances, tuent des civils et violent le droit international.

Au Soudan, la guerre amorcée en 2023 a déclenché la pire crise alimentaire au monde. D’un bout à l’autre du pays, les deux belligérants font de l’alimentation un levier pour contrôler des populations de plus en plus affamées. Les combattants ont coupé l’aide alimentaire dans des régions entières, utilisant l’accès aux aliments comme objet de marchandage pour forcer la soumission. La famine comme tactique.

Avec l’effondrement de l’aide internationale au Soudan – surtout à la suite de l’interruption du financement de l’Agence des É.-U. pour le développement international (USAID) – le travail mené par les groupes locaux est encore plus vital. L’Organisation soudanaise pour la recherche et le développement (SORD), homologue d’Inter Pares, fait partie de ceux qui répondent à l’appel, offrant de l’aide alimentaire d’urgence aux personnes forcées de fuir leur foyer et fournissant aux agriculteur-rices des semences, des outils et de la formation afin qu’iels cultivent la terre pour nourrir la population. Ces projets offrent un soutien vital quand l’État est en déroute.

En Birmanie, des décennies de conflit armé et de répression militaire ont déplacé des millions de personnes. La junte militaire a délibérément limité le transport d’aliments vers les régions autochtones, ce qui a exacerbé la famine et la dépendance envers la junte. Mais ici aussi, des collectivités résistent.

Nos homologues en Birmanie réunissent des agriculteurs-rices et des leaders communautaires afin qu’iels partagent des stratégies pour protéger les systèmes alimentaires des ravages de la guerre. Ensemble, iels dressent des plans pour renforcer le contrôle local des aliments et de l’agriculture dans leur région. Dans l’État Kachin, des homologues travaillent avec les agriculteurs-rices à la relance des pratiques de conservation des semences et à l’expansion de l’agriculture biologique. Des projets villageois cultivent maintenant des aliments pour nourrir les collectivités locales et les aident à bâtir des systèmes alimentaires fondés sur l’autodétermination afin de réduire la dépendance à l’aide extérieure.

Si l’alimentation peut servir d’arme, elle peut aussi être un outil de résistance. Nos homologues montrent comment, dans les conditions les plus difficiles, les gens peuvent encore s’unir pour s’occuper les un-e-s des autres et affirmer leur droit à l’alimentation. La souveraineté alimentaire va au-delà de l’agriculture – c’est une question de pouvoir, de dignité et la solidarité communautaire.

While food can be weaponized, it can also be a tool of resistance.

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