L’art de l’émancipation

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Sur les îles Bijagos, au large de la Guinée-Bissau, des femmes dansent lors de la cérémonie d'ouverture d'une banque de semences soutenue par notre homologue, Tiniguena. Crédit: Eric Chaurette

Par une nuit étoilée à Bissau, sous le dôme des kapokiers, ils sont des centaines à faire la fête. Au rythme des voix et des tambours, des troupes de divers groupes ethniques de la Guinée-Bissau défilent, chantent et dansent au vif plaisir de l’auditoire. Ce festival est l’un des moyens utilisés par Tiniguena, homologue d’Inter Pares, pour unir émancipation culturelle et lutte écologique. 

À l’heure où les forêts tropicales disparaissent, Tiniguena les préserve en appuyant un réseau de forêts communautaires protégées par la population locale. À l’heure où les océans se vident de leurs poissons, Tiniguena protège un site de reproduction crucial en créant une zone marine protégée sous la gestion du peuple bijago.

Augusta Henriques, cofondatrice de Tiniguena, explique le rôle de l’art dans ce travail : « C’est par l’art que se communique la culture. L’art transcende toutes les barrières. Pendant la lutte d’indépendance de la Guinée-Bissau, les slogans et les cris de ralliement venaient des artistes. Ce sont des messagers. Et par l’art, ils transmettent à la fois leur vision du monde et de nouveaux paradigmes ». Augusta évoque une conversation avec son mentor et ami, le célèbre auteur de Pédagogie des opprimés, Paulo Freire : « Nous parlions de libérer les énergies créatrices du peuple! C’est par l’art et la culture que le peuple peut s’exprimer ».

Ces enseignements ont influencé les premières excursions jeunesse organisées par Tiniguena sur le terrain. « C’était plus que du tourisme – les jeunes devaient exprimer ce qu’ils avaient vu par des essais, des poèmes, de la musique, des dessins. L’art est communication et c’est ce qui nous a permis d’unir notre amour de la nature à notre amour de la culture ».

Pour Augusta, l’art est aussi un dialogue entre les peuples et les territoires, comme en témoigne le projet Kilkidinos tem balur (Ce que nous possédons a de la valeur). Par le travail avec des artistes et l’organisation de festivals, ce projet installe fermement l’identité, le savoir local et la biodiversité agricole dans l’opinion publique et, littéralement, dans les assiettes des gens. La demande de produits locaux reste élevée à Bissau, ce qui bénéficie aux fermiers locaux.

Inter Pares est fière de soutenir Tiniguena et son travail en vue de protéger les délicats écosystèmes de la Guinée-Bissau grâce à la conservation et à l’émancipation culturelle.

C’est par l’art que se communique la culture. L’art transcende toutes les barrières.

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